Ce pentathlète olympique, qui disputera ses deuxièmes Jeux à Tokyo 2020, travaille également avec ses parents en tant que missionnaire au Guatemala.
Charles Fernandez est né aux États-Unis il y a 24 ans, mais depuis son plus jeune âge, il est conscient qu’une autre réalité existe.
« Mon père a émigré aux États-Unis puis il a épousé ma mère. C’est là que je suis né, mais quand j’ai eu sept ans, nous sommes retournés au Guatemala. »
« Là-bas, j’étais le fils de deux missionnaires. On travaillait auprès de gens dans le besoin et dans une pauvreté extrême dans un pays du tiers monde. C’est comme ça que j’ai grandi, avec les Guatémaltèques dans les montagnes et dans de petits villages. C’était ça, les premières années de ma vie. »
Cependant, ses parents lui ont appris très tôt les valeurs qui consistent à venir en aide aux autres.
« À l’âge de sept ans, j’ai déménagé au Guatemala, mais j’y allais déjà régulièrement en visite depuis l’âge de deux ou trois ans, car [mes parents] ont toujours été missionnaires. Nous faisons beaucoup de travail social auprès de communautés extrêmement pauvres et sous-développées. Nous les aidons à construire des églises, des maisons, des écoles et des centres communautaires », explique Fernandez.
Ces expériences lui ont permis de se voir comme un véritable Guatémaltèque dès le départ.
« Nous voulons aider ces personnes à aller de l’avant, leur trouver du travail, et leur apprendre à lire et à écrire. En résumé, nous voulons les aider à se développer dans un pays où les ressources sont limitées. Depuis l’enfance, j’ai aidé à construire des maisons et j’ai grandi dans cette réalité. J’ai eu de vrais échanges profonds avec les gens du Guatemala. Même si je ne suis pas né là-bas, je suis tombé amoureux de ce peuple. »
C’est son travail de missionnaire qui influence Fernandez dans son rôle d’athlète.
« Ces gens sont la raison pour laquelle je fais ce que je fais dans le domaine du sport. C’est pour ce pays que je suis un athlète. Je ne fais pas de la compétition pour moi, j'en fais pour mon peuple. Quand je suis sur le podium... je pense simplement aux sourires de ces gens qui souffrent tous les jours, et qui travaillent quotidiennement pour se construire une vie meilleure. Pourtant, il est parfois difficile pour eux d’évoluer en tant que personne à cause de la violence et de la corruption dans le pays », dit-il.
« Mon but en tant qu’athlète est de leur donner de l’espoir, en leur montrant que tout est possible quand on travaille dur. Je soutiens ce pays de deux façons très différentes : socialement et à travers le sport. Grâce à Dieu, ces deux approches se complètent d’une manière très particulière. C’est pour ça que je vais aux Jeux Olympiques, et c’est aussi ce qui me motive. »
Lorsque je suis sur le podium...
Je pense simplement aux sourires de ceux qui souffrent au quotidien.
Il n’est pas toujours facile pour Fernandez de combiner ses deux occupations : le sport et le travail social.
« Depuis que je suis passé professionnel, continuer le travail social est devenu de plus en plus compliqué. La dernière fois que je suis allé dans les communautés au Guatemala, c’était en janvier. Je peux leur rendre visite moins souvent que par le passé, parce que quand j’étais plus jeune, ça faisait tout simplement partie de ma vie de tous les jours. »
Ses parents travaillent toujours quotidiennement auprès des communautés au Guatemala.
Et depuis l’épidémie de COVID-19, la situation a empiré. Le Guatemala est le premier pays d’Amérique centrale à avoir dépassé le seuil des 1 000 décès, et il continue encore de se battre pour revenir dans la moyenne actuelle des autres pays.
« Mes parents sont toujours missionnaires à plein temps, et en ce moment ils essaient de trouver un moyen d’aider pendant cette pandémie. Il y a des gens au Guatemala qui n’ont pas d’économies et qui ont perdu leur travail. Ces derniers temps, nous nous sommes concentrés sur le fait de leur donner nos ressources pour qu’ils puissent manger. Mes parents se démènent tellement pour les aider. »
Bien qu’il soit actuellement aux États-Unis, Fernandez essaie de faire en sorte de ne pas se détacher de cette réalité qui lui permet de trouver un certain équilibre.
« J’essaie toujours d’aider un peu dès que j’en ai le temps, même si ce n’est pas grand-chose. Parce que c’est comme ça que je me définis. J’adore aider les miens. Ils sont la raison derrière chacun de mes actes. Ils sont mon équilibre. »
L’autre héritage de son père
Les parents de Fernandez n’ont pas fait que lui transmettre le goût d’aider les autres, ils lui ont aussi fait partager leur passion pour le sport.
Presque sans s’en rendre compte, le père de Fernandez est devenu un pionnier du pentathlon moderne au Guatemala.
« Mon père était l’un des tout premiers athlètes au Guatemala », dit-il.
« Il a commencé le pentathlon moderne à la fin des années 1980. À cette époque, il était entraîneur en athlétisme, et c’est l’un de ses athlètes qui lui a suggéré d’essayer. Il ne savait alors que courir, et rien d’autre. Mais comme il aime faire de nouvelles expériences, il a essayé. Il a quand même participé à quelques coupes du monde, mais il n’a jamais eu le niveau pour les Jeux panaméricains. Il a commencé vraiment tard, mais il a ouvert le chemin sans savoir que son fils allait reprendre le flambeau. »
Après avoir vu son père faire de la compétition, Fernandez a commencé à faire ses premiers pas vers une carrière olympique.
« Après avoir regardé Londres 2012, j’ai réalisé qu’il m’était possible de devenir athlète olympique. Alors j’ai décidé de faire beaucoup de sacrifices dans le but de me dédier sérieusement au pentathlon moderne. Grâce à Dieu, quatre ans plus tard, je suis bel et bien devenu un athlète olympique à Rio 2016, et maintenant une nouvelle fois à Tokyo 2020. C’est en effet mon père qui est à l’origine de mon envie de devenir athlète. »
Sa carrière olympique
Fernandez n’avait que 20 ans quand il a participé à Rio 2016.
« J’étais le plus jeune coureur de l’épreuve de pentathlon moderne », raconte-t-il.
Il est aujourd’hui qualifié pour Tokyo 2020 grâce à sa médaille d’or aux Jeux panaméricains de Lima 2019, médaille extrêmement précieuse après une année difficile où il a envisagé de prendre sa retraite.
« Je voulais arrêter le pentathlon, mais l’équipe du Guatemala, ma famille et mes amis m’ont beaucoup soutenu. C’est ce qui m’a poussé à faire une dernière tentative. Donc, j’ai continué à donner le meilleur de moi-même et à aller jusqu’au bout. Et puis, les Jeux panaméricains de Lima sont arrivés, et je ne pensais pas du tout que j’allais gagner. Je n’étais pas très en phase avec mon corps l’année dernière, et pourtant ça a marché. Et me voilà qualifié pour la deuxième fois aux Jeux Olympiques. C’était un sentiment incroyable. J’étais heureux d’avoir une nouvelle fois réussi à faire une belle performance sur la scène mondiale. »
Avec une confiance en soi désormais renouvelée, Fernandez rêve de remporter une médaille olympique à Tokyo.
« Si je travaille à la perfection, je pense que je peux faire partie de ceux qui se battront pour une médaille. Mes statistiques actuelles me donnent de bonnes informations sur mes capacités. À Tokyo, je serai plus mature qu’à Rio, à la fois physiquement et mentalement. J’espère que je ferai de bons résultats là-bas, et que je décrocherai peut-être même une médaille. »