Le Point Final.
Il y a près de 18 ans (aille ça fait mal d'écrire ça...) Éric💋, un de mes entraîneurs de gymnastique, m'a emmené avec lui sur un stade pour la première fois.
Au départ c'est le saut à la perche qui a motivé ma venue.
J'avais suffisamment d'énergie pour venir au stade 1 à 2 fois par semaine après 3h de gym, essayer d'apprendre à courir😂 pour apprivoiser ce geste qui me fascinait!
Faut dire que j'étais très bien tombée, au milieu d'une super bande de "grands frères"❣ dans la famille de l'Entente Montpellier Athlétisme. Et surtout, prise sous l'aile d'un entraîneur juste génial : Hichem, que je n'ai jamais suffisamment remercier pour tout le temps et l'énergie qu'il a mis à ma disposition ces premières années...🙏🏻
Puis, ma passion grandissante pour ce nouveau sport et mon corps grandissant trop pour le précédent 😂🤦🏼♀️ j'ai fini par abandonner complètement les gymnases pour les stades.
On me demande souvent "pourquoiiiii" le lancer de javelot...🤷🏼♀️ Et bien c'est un concours de circonstances.
Un talent pour le geste au départ, certes, mais très peu d'affection pour cette discipline.
On m'avait suffisamment traité de garçon manqué pour que j'ai envie de me lancer dans "ce truc de bourrin"!
Au début c'était une contrainte ; il fallait une course, un lancer, un saut, pour participer aux compétitions...
Et apparemment je n'étais pas vraiment faite pour le sport loisir.✌🏻
Aux côtés d'Hichem à la perche et tonton Matéo💋 au javelot, j'ai progressé petit à petit, (plutôt vite autant être honnête😉). J'ai commencé discrètement à apprécier toute la finesse technique qui se cachait derrière ce geste de lancer, même si le saut à la perche gardait l'avantage❣ !
Mais voilà, une blessure au mauvais moment, et je me retrouve acceptée au pôle de Montpellier ; entre les mains expertes du toujours bienveillant Tidiane💋, pour le lancer de javelot uniquement.
Le Choix s'est imposé à moi.
3m40 à la perche contre 46m64 (600g) en cadette 2, y'avait pas match me direz vous!...😊
De là, tout s'est enchaîné : premières sélections internationales en junior : l'occasion de découvrir et prendre goût au fait de représenter mon pays.
Puis en espoir, cette fois aux côtés de mon très cher Jean-Yves💋 et son super groupe de decathloniens mené par Roro et Nadou.
Ma capacité à m'entraîner sérieusement mais avec le sourire a grandie à leurs côtés❤
56m80 en espoir 1 et une belle chance de podium en championnat d'Europe, gâchée par un genou, qui me lâche à l'échauffement sur le stade de compétition. 😔
Je résume hein, 😉 mais ça a son importance parce que c'est triste et effrayée, dans un hôpital du fin fond de la Lituanie, que j'ai créé un lien fort avec Magali. Lien entraîneur/athlète, qui m'amenera à suivre ses conseils et sa passion contagieuse, pour aller avec elle et sa tribu❣ jusqu'aux Jeux de Rio 2016.
Je vais zapper les détails des galères de mes années d'études de kiné à Montpellier, à jongler entre école et entraînements sans véritables aménagements.
Je vais zapper aussi les déceptions successives de passer à côté des championnats d'Europe en 2014 puis du monde en 2015, pour 20 puis 40cm...On ne m'aura pas laissé ma chance, malgré mes titres de championne de France successifs...🙊🙈
Il est facile aujourd'hui de n'en garder que le positif : une motivation difficile à épuiser, le soutien sans faille de mes proches, de mes entraîneurs et de mon club (le NCAA depuis 2014), qui m'a permis de croire en mon rêve Olympique jusqu'à le réaliser.
Premier vrai beau moment : mes premiers 60m! Une barrière importante, tombée lors d'un meeting à Bellinzona (Suisse) aux côtés de Magali : 60m60 et 60m40.
Je revenais juste d'un stage de 15 jours à Offenburg, invitée par Werner💋, entraîneur formateur de Christina (Obergfőll, recordwoman d'Allemagne 70m20). C'est là qu'a commencée ma belle histoire avec ma German Javelin Family. Werner m'a énormément appris et apporté un vrai déclic technique pendant ce stage, mais surtout il m'a ouvert les portes de ce qui deviendra mon "groupe" d'entraînement favori : Ma Dream Team❣.
Parlons maintenant de ce qui restera mon meilleur souvenir d'athlète...
21 mai 2016, au meeting international des lancers de Halle en Allemagne.
Aux côtés de Werner, de ma désormais amie Christina et son mari et entraîneur Boris, qui m'avaient fait le cadeau de me proposer d'être sa partenaire d'entraînement cette saison là.
C'est le premier essai : je suis une des première à lancer...(faut dire qu'il y avait du beau monde sur la startlist!)
Je sens bien que le jav est parti un peu plus fluide que d'habitude et j'entend un wahou discret de la foule.
(Si si foule je vous assure il y avait du monde tout autour de l'aire de lancer)
Mon Allemand plutôt incertain à ce moment là entend 62m...
J'entends Werner crier de joie, mais avant de me réjouir j'attends impatiente les centimètres... Faut dire que j'avais compris que les cm comptaient quand il s'agissait de minimas 😋🙊
Dans ma tête je pensais : ...Minimas français pour les JO : 62m50, record de France de Sarah Walter 62m53...
...54!!!!!
Le temps de sauter dans les bras de Werner, Boris et de checker timidement Tina, j'avais déjà prévenu Magali et ma famille que je venais de faire les minimas (62m54), avant la fin du 1er essai 😂😊🤩!
Le reste du concours n'a été que perte de moyens pour moi🙈🤪. Mais la tension était palpable pour les allemandes présentes : ne pas se faire battre par la petite frenchie dans leur jardin, et gagner une des 3 seules places disponibles pour les Jeux...
Scénario parfait : Christina envoie son engin à 64m98 au dernier essai : meilleure performance allemande synonyme de qualification Olympique pour elle aussi!
Ce moment de libération ou elle m'a sauté dans les bras : libérée de pouvoir être autant satisfaite pour elle qu'heureuse pour moi,
et ces moments sur le podium, de ce qui est certainement l'un des plus beau meeting de lancers du monde, resteront gravés. 🤩
Tout comme ma tête au moment de la photo finale à côté du panneau affichant ma perf à 63m54 et non pas 62 comme j'avais cru le comprendre 😂🤣.
Vous savez quoi, j'ai des frissons rien que de me le re re remémorer... C'est ça qui fait que quand on est mordu par le sport, on est mordu à vie!
Août 2016
Me voilà aux Jeux Olympiques à Rio de Janeiro.
C'est difficile de raconter...on idéalise toujours un rêve, et disons que le scénario réel n'était pas idéal.
Mais j'ai porté les couleurs de mon pays dans le village Olympique, dans le stade Olympique, je faisais partie de l'équipe de France emmenée par notre Capitaine Teddy Riner et j'ai tout donné pour être à la hauteur.
Avec mon dossard 666 👹, et portée par le soutien de mes proches et tellement, tellement, tellement de belles personnes, qui ont j'espère partagé un peu de la beauté de cette aventure avec moi, et que je ne saurais remercier assez.
Vivre de l'intérieur la médaille d'argent de Melina, défiler dans le Maracana, croiser Usain Bolt😉, être reçue à l'Élysée...Tous ces souvenirs resteront à vie et à vie je pourrai dire "j'ai fait les Jeux Olympiques".
Bien-sûr, l'objectif était de revenir plus forte à Tokyo 4 ans plus tard : ce ne sera pas le cas.
Après 4 ans d'entraînements intensifs entre Montpellier aux côtés de Jean-Yves, Marisa😇 ou Tidiane et l'Allemagne aux côtés de Boris, j'ai pris la décision d'arrêter.
Être sparing partner de Johannes (Vetter, recordman d'Allemagne 94m44),
_ si tant est que Jojo ait besoin de qui que ce soit pour être motivé à se dépasser à l'entrainement 💪🏻🔥😂_
Ça a été une grande chance.
J'ai tellement appris, tellement compris et tellement progressé grâce à Boris : pour moi le meilleur entraîneur du Monde et un homme tellement bon.😇🌞
Ma German Javelin Family m'a permis de vivre des moments inoubliables tant sur le plan sportif qu'humain ces 4 dernières années. Et tout ça seulement par Amitié.
❤😇🍀
Malgré mes blessures successives m'empêchant de concrétiser mes progrès depuis 2016, je tiens aussi très sincèrement à remercier mon club, la ville de Nice et le département des alpes Maritimes pour leur soutien.
Tout comme mes collègues de travail au cabinet Balkios à Montpellier et Physiovital en Allemagne, qui m'ont permis d'adapter mes horaires et périodes de travail à mes entraînements ces 2 dernières années.
Aujourd'hui, je suis arrivée au bout de ce que je peux donner comme temps et energie à la recherche de performance dans mon sport.
Je resterai certainement un peu sur ma faim, mais je me sens tellement chanceuse d'avoir croisé autant de belles personnes sur ma route ❤ et je ne peux pas avoir de regrets.
J'ai tellement appris à serrer les dents et à me battre pour avancer ces 4 dernières années. Je me suis prouvée que j'étais bien plus forte que je ne pensais pouvoir l'être. 💪🏻😊
Je ne considère pas que ce soit abandonner de juste penser qu'il est temps de dire Stop, quand tu as tout donné, même sans avoir atteint ton objectif. Et je pense pouvoir garder la tête haute.
J'ai tellement de personnes à remercier, commencer une liste serait prendre le risque d'en oublier et je ne veux pas...
Vous tous qui avez fait partie de près ou de loin de mon aventure de ces 18 années. Merci ❤.
Je raccroche les pointes pour me consacrer plus pleinement à mon métier de kiné et à tout ce que la vie aura d'autre à m'offrir. 🙏🏻🌞❣
Clear eyes, full heart, can't loose.
Ps : Comptez sur moi pour les interclubs 2021 histoire de dire au revoir à tout le monde, mais je ne garantie aucune distance 😂😊😉😘!
Nice Côte d'Azur Athlétisme
CDOS 06
Ville de Nice
FFA Lancers
FFA - Fédération Française d'Athlétisme
Mélina Robert-Michon
Christina Obergföll
Johannes Vetter
Posted by Mathilde Andraud on Sunday, May 24, 2020