La vie sourit à Estelle Mossely. Le 7 mai, elle est une nouvelle fois devenue maman après son titre de championne olympique en poids léger (-60 kg) remporté à Rio 2016. Après Ali, Magomed est le deuxième enfant du « couple en or » des derniers JO, qu’Estelle forme avec Toni Yoka, également champion olympique en poids lourds (+91 kg).
Si lui n’a jamais arrêté l’entraînement et continue sa carrière en professionnel, Estelle a également poursuivi l’entraînement pendant sa grossesse. « Je voulais vivre cette grossesse différemment, confiait-elle à France TV Sport une semaine après son accouchement. « Je n'avais pas besoin de repos et c'est passé beaucoup plus vite ! »
Viser une deuxième médaille olympique à Tokyo 2020 est toujours un objectif, et elle ne cache pas que le report des Jeux à cause de la crise du COVID-19 pourrait, au final, lui profiter. Elle aura plus de temps pour revenir à la compétition.
« Une deuxième médaille ? Pourquoi pas. […] Au moment où les JO ont été décalés, je me suis dit que c'était un mal pour un bien ! En ce moment les choses me sourient. Le confinement n'a pas changé grand chose pour moi étant donné que j'étais enceinte ».
« Livrée à soi-même »
Sous cette apparente facilité, Estelle Mossely ne cache pas que pour beaucoup de femmes, allier carrière sportive et maternité reste compliqué : « Cela a été difficile parce qu'on se retrouve un peu livrée à soi-même. Si je n'avais pas été championne olympique, si je n'avais pas eu mes partenaires, je ne sais pas comment j'aurais fait », a-t-elle livré en octobre dernier à Télé Loisirs.
Elle souhaite par son expérience prouver que, avoir un bébé ne rime pas forcément avec tout arrêter.
Enceinte et sportive de haut niveau : oui, un après existe
Pour Estelle Mossely c’était clair. Elle ne voulait pas attendre la fin de sa carrière pour fonder une famille. Bien qu’en minorité, certaines athlètes de haut niveau comme Serena Williams avaient déjà franchi le pas et le sujet est moins tabou qu’avant. Les carrières sportives sont de plus en plus longues et la tendance à vouloir préserver une vie personnelle n’épargne pas les athlètes.
Estelle Mossely est d’ailleurs très engagée sur le sujet. Elle a fondé en 2017 l'Observatoire européen du sport féminin. Une structure qui offre un accompagnement aux sportives qui veulent avoir des enfants, mais également sur d’autres sujets capitaux comme le harcèlement moral ou sexuel, la prise de poids liée aux changements hormonaux, les avortements avant une compétition ou la reconversion en fin de carrière.
Si un changement de mentalité est observé, les conditions et l’encadrement ne restent pas simples : « Je n'avais pas eu de nouvelles de la Fédération qui a dû croire que j'allais arrêter ma carrière. Et je regrette que ce soit un peu l'idée générale quand une sportive tombe enceinte. Aujourd'hui, je suis contente de montrer qu'il y a de très belles choses qui peuvent arriver derrière. »
En route pour Tokyo 2020
Après une telle consécration aux Jeux de Rio en 2016 et l’envie de fonder une famille, reprendre la route vers Tokyo 2020 n’était donc pas forcément évident. Les sacrifices sont grands et les probabilités de déception élevées. Sa première grossesse lui a permis de prendre du temps et du recul et les opportunités se sont présentées à elles, notamment plusieurs partenariats qui lui ont permis de faciliter sa décision.
Quelques semaines avant de donner naissance à son deuxième enfant elle affirmait au journal l’Équipe : « Dès que j'aurai accouché, je serai de retour à l'entraînement ». Un entraînement qui devrait reprendre « à la mi-juin » et durer près d’un an, pour tenter de se qualifier pour ses deuxièmes Jeux Olympiques et d’y décrocher une seconde médaille.