Le karatéka vénézuélien Antonio José Díaz Fernandez lors d’un entraînement de kata dans son dojo, pendant le confinement le 22 avril 2020.
2020 Getty Images / Leonardo Fernandez Viloria
Le karatéka vénézuélien Antonio Díaz attendra les débuts olympiques de son sport à Tokyo 2020 avant de mettre un terme à sa carrière, qui compte notamment deux titres de Champion du monde.
Cela fait plusieurs années que le Vénézuélien Antonio Díaz rêve de voir le karaté aux Jeux Olympiques. C’est désormais chose faite à Tokyo 2020, où cet art martial fera partie des cinq nouveaux sports du programme olympique.
Un puissant symbole car c’est au Japon que le karaté est né.
« J’ai attendu plus de 20 ans pour participer aux Jeux Olympiques, je peux donc bien attendre une année de plus », déclare-t-il à propos du report des Jeux.
Díaz aura 41 ans à l’été 2021, mais cela ne le freine pas dans sa préparation pour l’événement qu’il attend depuis si longtemps. C’est sa principale motivation.
« Si j’ai rallongé ma carrière sportive, c’est pour les Jeux de Tokyo. Pendant ma carrière, j’ai de nombreuses fois pensé à la retraite. Mais les Jeux Olympiques sont le plus grand événement sportif de la planète. Et le Japon, la terre de naissance du karaté, c’est l’endroit parfait pour arrêter », a-t-il confié à Tokyo 2020.
Les Jeux de Tokyo seront donc l’endroit parfait pour les adieux d’un athlète qui pendant deux décennies a dominé son sport.
Le palmarès de Díaz est impressionnant. Il a été sacré champion du monde de kata en 2010 et 2012, remporté l’or lors des Jeux mondiaux de 2005 et 2013, et terminé à la première place de 16 Championnats panaméricains et 13 Championnats nationaux au Venezuela.
Díaz figure également dans le livre Guinness des records pour être monté sur le podium lors de huit Championnats du monde de karaté consécutifs.
« Plusieurs moments de ma carrière ont été importants, mais je crois que le second titre mondial est au dessus. Le premier était très important, c’est sûr, mais le deuxième titre est une récompense pour la persévérance et le fait de ne jamais abandonner », explique-t-il.
Dans l’incapacité de recevoir ses élèves, Antonio Díaz a diffusé des cours de karaté via le service de visioconférence Zoom.
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L’entraînement à la maison
Pour le moment, comme beaucoup d’athlètes, Díaz passe la plupart de son temps chez lui. Il est retourné à Caracas en mars après une compétition en Autriche et un passage à Tenerife, juste avant que de nombreux pays ferment leurs frontières en raison de la pandémie de COVID-19.
Pendant le confinement, il a eu l’opportunité de passer plus de temps avec sa femme et son fils de huit mois, tout en continuant à s’entraîner chez lui. Avec sa qualification en poche, il était important de ne pas perdre sa condition physique.
« Je dispose d’un petit dojo dans la maison de mes parents, donc j’ai fait quelques entraînements là-bas pendant la première semaine. Mais j’ai ensuite préféré rester chez moi car mes parents font partie des populations à risque. J’ai ramené quelques tapis dans mon appartement et je les ai mis dans mon salon », raconte Díaz, qui réside au huitième étage d’un immeuble résidentiel de Caracas.
L’un des éléments que Díaz essaie d’améliorer est sa condition physique, l’atout principal de ses jeunes rivaux.
« Je pense qu’avec la science du sport actuelle, la récupération et la nutrition, la longévité des athlètes est bien meilleure. Mais en voyant l’âge moyen de mes concurrents, je dois combattre le stéréotype que je suis vieux. Même si je pense que cela ne devrait pas m’affecter, car la technique est très importante dans ma discipline. C’est ma force, ce qui est très positif », précise-t-il.
Après tant d’années passées au plus haut niveau, Díaz connaît parfaitement ses rivaux, notamment ceux qui seront ses principaux concurrents aux JO : KIYUNA Ryo (Japon), Damián Quintero (Espagne) and Ali Sofuoglu (Turquie).
« J’ai vu Kiyuna débuter en 2012, lorsque je l’ai battu en demi-finale de la Coupe du monde. C’est à partir de là qu’il a commencé à décoller. Je connais également Damián depuis plusieurs années. Ce n’est pas le plus jeune, mais c’est le numéro 1 mondial. Quant à Sofuoglu, il est bien plus jeune. Il dispose de cette énergie propre à la jeunesse, ce qui le rend redoutable. »
Avant l’arrêt des compétitions, Díaz occupait le cinquième rang mondial.
Lorsqu’il pense à Tokyo 2020, le Vénézuélien n’y va pas par quatre chemins.
Maintenant que je suis qualifié, je ne veux pas juste participer. Je veux aller à Tokyo dans la peau d’un favori pour le podium voire, pourquoi pas, à la médaille d’or.
Ce ne sera pas facile, mais j’ai appris pendant ma carrière que rien n’est impossible.
Antonio Díaz domine les compétitions de kata depuis plus de vingt ans.
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Un rapport spécial avec le Japon
Díaz est très excité à l’idée de retourner au Japon, un pays qu’il connaît très bien après y avoir passer beaucoup de temps.
« L’un des premiers dojos que j’ai fréquenté était tenu par un maître japonais, SATO Shoko, le premier à se rendre au Vénézuéla. Et je me souviens aussi de mon premier voyage au Japon en 1997, lorsque je me suis rendu dans un championnat à Okinawa. Je m’y suis également entraîné quelques années plus tard. »
« En 2007, j’ai rencontré mon professeur de ces dernières années, INOUE Yoshimi, qui est décédé en 2015. Pendant plusieurs années, je me suis entraîné avec lui à Tottory, une ville dans l’ouest du Japon. Ce n’était pas une très grande ville donc j’ai pu vivre très proche de la culture japonaise, grâce à mon professeur qui se définissait comme moitié japonais, moitié latin. Le Japon est un endroit très spécial pour moi. »
Même si les Jeux sont reportés, Díaz se pose régulièrement la question de ce que va être sa vie après le karaté au plus haut niveau. L’un de ses objectifs est de continuer à enseigner dans son école à Caracas, qui compte une centaine d’élèves.
« À l’avenir, j’aimerais consacrer beaucoup de temps à l’enseignement. Je veux aussi continuer à organiser des séminaires pour aider les athlètes élites étrangers. En 2018, j’ai aidé l’équipe de Hong Kong, Chine, lors des Jeux asiatiques et c’était une superbe expérience », se rappelle-t-il.
Díaz est également membre de la commission des athlètes du Comité National Olympique vénézuélien et de la Fédération internationale de karaté. Il fait aussi partie de la liste des 30 candidats pour les quatre sièges disponibles à la commission des athlètes du Comité International Olympique.
« Faire simplement partie de cette liste de 30 candidats pour un siège à la commission est déjà une grande fierté, compte tenu des grands noms qu’elle contient. »
La réponse sera connue lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, où tous les athlètes qualifiés pourront voter pour leur candidat favori.
Peu importe ce qui se passe à Tokyo pour Díaz, les JO seront le point culminant d’une carrière de rêve, qui a encore quelques chapitres à écrire.